Sud-Kivu : le PNKB trouve un compromis avec les exploitants de la filière bois de Kalonge et Bunyakiri pour faciliter le passage de leurs produits à travers le Parc

Chaque mois, pas moins de 500 camions et autres véhicules transportant des sacs de braise, des sticks d’arbres et des planches traversent le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) pour rejoindre différents points de vente des villes de Bukavu au Sud-Kivu, de Goma au Nord-Kivu et de ses environs. Ces produits sont présumés issus des forêts des communautés locales, notamment des concessions privées autour du PNKB sur l’axe Kalonge (territoire de Kabare) et Bunyakiri (territoire de Kalehe). Comment certifier que ces produits forestiers ne sont pas exploités dans le Parc ? Innocent Bayubasire Bikaya, Chef de bureau en charge de la conservation de la nature à la coordination de l’environnement et développement durable au Sud-Kivu explique :

« Le code forestier de la République Démocratique du Congo énonce de manière explicite que l’exploitation des produits forestiers est autorisée dans les forêts des communautés locales, sur approbation des autorités étatiques compétentes. Les exploitants doivent de ce fait être en possession de divers documents authentifiant l’origine de leurs produits forestiers », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Depuis 2019, nous avons malheureusement constaté que le PNKB est confronté à des menaces croissantes provenant entre autres des communautés riveraines qui exploitent illégalement les forêts du Parc. En 2020, des mesures visant à dissuader ces incursions et à prévenir le braconnage ont été prises, dont la mise en place d’une vérification  des documents d’exploitation forestière au niveau du poste de contrôle du PNKB à Tshivanga».

C’est précisément ce contrôle qui a engendré des malentendus persistants entre les exploitants, les commerçants, et le PNKB, notamment en ce qui concerne les documents requis pour  convoyer leurs produits forestiers à travers le Parc.

C’est pour harmoniser les points de vue et trouver des compromis pratiques que le PNKB, la coordination provinciale de l’environnement, les exploitants forestiers, le Fonds Forestier National et des membres de la société civile des territoires de Kalehe et Kabare se sont entretenus ce 13 novembre 2023 à Kavumu.  Les parties prenantes ont parcouru certains prescrits du code forestier congolais et la loi 14/03 portant conservation de la nature. Elles ont discuté en détail des documents requis, des procédures à suivre, et ont convenu de mesures spécifiques pour faciliter le déplacement légal des produits forestiers tout en préservant l’intégrité du Parc.

« Les écogardes du PNKB doivent contrôler en premier lieu le permis de circulation qui précise la provenance du produit forestier, où il sera livré et pendant combien de jours il sera transporté. Ils doivent également contrôler la licence originale qui autorise l’exploitation de ces produits, ainsi que les preuves de paiement pour le permis de coupe de bois. Pour les simples acheteurs et vendeurs qui ne sont pas des exploitants, on se limite à la licence d’achat et vente de ces produits. Ensuite, les écogardes doivent contrôler le contenu du camion pour voir la conformité entre la quantité transportée et ce qui est inscrit dans le permis de circulation. Ils doivent aussi vérifier s’il n’y a pas des produits autres que ceux mentionnés dans le document. Le contrôle doit se faire avec sérieux pour ne pas faire passer des produits protégés » a tranché la Coordination de l’environnement et développement durable au Sud-Kivu

A l’issue de la rencontre, Luc Lukeno Musumari, Président de l’Association des Exploitants et d’Études Forestiers du Sud-Kivu (AEEFOSKI) s’est exprimé favorablement, soulignant que cette réunion a levé les équivoques entre les exploitants et le PNKB : « Nous allons faire la restitution et sensibiliser nos membres sur ces directives. C’est ce genre de dialogue que nous souhaitons pour que nous tous nous contribuons à la préservation des ressources du PNKB », a-t-il confié

Du coté du Réseau des Associations et Entreprises de la Filière Bois (RAEFIB), son Directeur exécutif Germain Mwisha a recommandé que l’État congolais vulgarise le Code forestier. Concernant le PNKB, il a préconisé un renforcement de la collaboration entre le parc et les exploitants, car a-t-il dit  « C’est nous qui travaillons dans les environs du Parc. C’est nous qui devons veiller à ce que les activités des exploitants ne dépassent pas les limites définies».

Auteur :La redaction

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