Sud-Kivu : les paysans de Bishubiro demandent au Parc National de Kahuzi-Biega des solutions durables aux déprédations de leurs cultures par les animaux sauvages

Equipe de gestion de plaintes du PNKB avec les chefs de village et représentants des agriculteurs de Bishubiro après les échanges sur les dégâts causés par les animaux sauvages dans leurs champs (photo : PNKB)

Les cultures des riverains du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) sont régulièrement attaquées par des animaux sauvages qui causent des pertes financières importantes et menacent la sécurité alimentaire de ces communautés.

Cette situation a été au centre des échanges ce 21 avril 2023 entre l’équipe de gestion de plaintes du PNKB, les chefs coutumiers et les représentants des agriculteurs de Bishubiro, un village situé en groupement de Bugorhe en chefferie de Kabare au Sud-Kivu.

Ce dialogue fait suite à une réclamation adressée au PNKB par les agriculteurs de Bishubiro dont les champs ont été attaqués et ravagés en mars dernier par des babouins.

Un agriculteur, qui a perdu ses cultures, a exprimé sa détresse à cette équipe du PNKB : « Je suis père de huit (8) enfants et ce champ est ma seule source de subsistance. Je ne sais pas quoi faire maintenant… Comment est-ce que votre compassion peut m’aider ? ».

« Nous sommes vraiment préoccupés par ces incursions répétées d’animaux sauvages dans nos champs. Nous dépensons beaucoup d’argent pour acheter des semences et cultiver nos terres afin de nourrir nos familles. Cependant, ces déprédations de nos cultures réduisent considérablement nos récoltes, nous ne produisons presque plus rien », a renchéri le Chef de village de Bishubiro, qui a noté que les cultures les plus ravagées par les animaux sauvages sont les haricots, les pommes de terre, les patates douces et les maïs.

« Notre village était l’un des villages le plus productif du groupement. Malheureusement les villageois commencent à s’approvisionner auprès d’autres villages à cause de tous ces ravages des animaux sauvages », a ajouté l’agronome du groupement de Bugorhe. Il a demandé au PNKB de trouver des solutions concrètes pour aider les communautés à retrouver leur niveau de vie antérieur.

D’après le Chef de Bishubiro, les agriculteurs font déjà leur possible pour protéger leurs champs contre les animaux du Parc, hélas avec peu de résultats : « Certains paysans montent la garde dans leurs champs aux aurores et en fin de journée, moment où les babouins sortent du parc pour chercher leur nourriture. Si les babouins repèrent des personnes dans les champs protégés, ils se dirigent vers d’autres champs qui ne sont pas protégés pour y causer des dégâts », a-t-il rapporté.                                                                                                                                                                          

Pour cela, les victimes des déprédations de cultures à Bishubiro demandent des mesures de réparation et de soutien de la part du PNKB. Ils souhaitent être indemnisés pour les pertes subies et que le Parc apporte son appui aux villageois qui montent la garde dans leurs champs en leur fournissant des équipements tels que des imperméables, des bottes et des lampes torches, ou en leur accordant une prime mensuelle. De plus, ils aimeraient que le PNKB implique les jeunes de leur communauté en les formant et en les intégrant dans les rangs des écogardes pour aider à la protection de la biodiversité tout en trouvant des solutions aux conflits entre les riverains et les animaux sauvages.

« Nous allons transmettre toutes vos recommandations à la direction du PNKB et réfléchir sur une solution équitable pour toutes les parties prenantes », a conclu l’équipe de gestion de plaintes du PNKB.

Pour l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et la Wildlife Conservation Society (WCS), qui cogèrent le PNKB, la coexistence pacifique entre les agriculteurs locaux et les animaux sauvages du Parc est cruciale pour la conservation de la biodiversité. Ils sont conscients que le défi auquel sont confronté les communautés riveraines du Parc est complexe. Une solution viable et pratique doit être trouvée pour protéger la biodiversité tout en garantissant la sécurité alimentaire et la subsistance des populations locales.

Notons que ce phénomène de déprédation des cultures est fréquent dans de nombreuses aires protégées en République Démocratique du Congo, où de nombreux animaux sauvages se retrouvent dans les villages riverains et causent des dégâts importants. Quoi que les causes puissent être l’absence des zones tampons et l’envahissement de certaines terres de ces aires protégées. Les solutions proposées par les praticiens de la conservation et de développement dépendent d’une aire protégée à une autre et d’une espèce à une autre.

La Direction du PNKB.

Auteur :La rédaction