« Arrêtez d’être instrumentalisés par les exploitants illégaux  des ressources du PNKB » : Directeur Général de l’ICCN au Peuple Autochtone Batwa de Kabare et Kalehe au Sud-Kivu

Au sujet de la responsabilité du Peuple Autochtone Batwa dans la destruction du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), Yves Milan Ngangay, Directeur Général de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), s’est exprimé sans détour avec les chefs et les leaders PA Batwa de Kabare et Kalehe :  « Vous affirmez être victimes alors que, vous laissez souvent, les exploitants illégaux, ceux qui ont de l’argent, comme vous le dites, vous utiliser. Ils vous entraînent et lorsque les ennuis surviennent, ils ne sont pas identifiés, et c’est vous qui êtes arrêtés. Cessez d’être instrumentalisés. Désolidarisez-vous de ces groupes qui, comme vous le dites, vous contraignent à exploiter illégalement les ressources du Parc, » a-t-il dit.

Le DG de l’ICCN a prodigué ce conseil aux chefs et aux leaders Batwa de Kabare et Kalehe (Sud-Kivu), lors de l’entretien qui a eu lieu le 10 avril 2024 à Tshivanga, dans le Sud-Kivu, entre d’une part les Batwa et d’autre part la délégation de l’Ambassade des États-Unis en RDC, en visite au PNKB, la Direction Générale de l’ICCN, ainsi que la Direction Nationale de la Wildlife Conservation Society (WCS).

Au cours de ces échanges, Donatien Munyali, Représentant des Batwa du Sud-Kivu et Président du comité de pilotage de la feuille de route de Bukavu de 2019, a souligné que les Batwa ne sont pas responsables de la destruction du Parc, mais plutôt les groupes armés et d’autres exploitants fortunés qui les prennent en otage pour travailler à leur compte. « Les Batwa ont quitté le Parc. Il ne reste qu’un petit groupe qui est pris en otage par des exploitants illégaux fortunés. Si vous regardez bien, ces Batwa sont toujours pauvres, ils n’ont rien, ils travaillent pour ces exploitants illégaux juste pour survivre », a-t-il déclaré.

Toujours pour démontrer la non-responsabilité des PA Batwa dans certains incidents avec le Parc, Donatien Munyali a parlé d’un accroc survenu le 02 avril 2024, où un groupe de braconniers a gravement blessé à la machette l’un des écogardes du PNKB lors d’une patrouille :  « Ce n’est pas un Mutwa qui a coupé le pied de l’éco-garde, c’est un membre de la communauté Bantou qui était avec les Batwa qui l’a fait. Mais on accuse déjà les Batwa d’être auteurs de cette attaque contre l’éco-garde du Parc » a-t-il expliqué.

En ce qui concerne ce dernier aspect, les Batwa résidant aux abords du PNKB ont saisi l’occasion pour remettre au DG une déclaration dans laquelle ils condamnent fermement cet acte de violence perpétré par des braconniers Batwa et Bantous à l’encontre des éco-gardes du Parc. Dans cette déclaration, signée par plus de cinquante membres de la communauté Batwa, ils exhortent les autorités judiciaires à identifier l’auteur de cet acte et à le tenir responsable de ses actions.

Les chefs et leaders Batwa se sont engagés de leur côté, à poursuivre les sensibilisations auprès du groupe des Batwa qui se sont installés dans le Parc, afin de les encourager à le quitter.

En plus des questions relatives aux relations entre les Batwa et le PNKB, ils ont plaidé auprès du DG de l’ICCN et de l’Ambassadrice des États-Unis en RDC pour l’accès des Batwa à la terre, l’augmentation de l’aide destinée à la scolarisation des enfants Batwa, à la réhabilitation/construction de bonnes écoles pour les Batwa de Walikale au Nord-Kivu, ainsi qu’à un soutien financier direct aux organisations créées par les Batwa eux-mêmes.

Auteur :La redaction

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