PNKB/Sud-Kivu : grâce aux microcrédits solidaires, une ancienne vendeuse des produits de braconnage, s’est reconvertie en agricultrice et éleveuse de cobayes à Bugobe

Mukuzo, bénéficiaire des microcrédits solidaires à Bugobe en chefferie de Kabare au Sud-Kivu. (Photo : PNKB)

« Je vendais de la braise que j’allais acheter à Muziru auprès des braconniers », se rappelle Mukuzo. « Muziru, c’est dans le Parc de Kahuzi-Biega », ajoute-t-elle en chuchotant presque ; avec un regard fuyant et un air un peu embarrassé.  

Mukuzo est une femme de 73 ans qui fait plus jeune que son âge. Mère de 9 enfants, Mukuzo vit à Kahave 1er à Bugobe. Ce dernier est l’un de 7 groupements contigus au Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), situés dans la chefferie de Kabare en province du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo.

Mukuzo, comme bon nombre des habitants de ces contrées, assurait, jusqu’à il y a quelques années encore, les charges de son ménage avec les revenus tirés de l’exploitation illégale des ressources naturelles du Parc : « C’est avec cette activité que je subvenais aux besoins de ma famille. Mais vendre de la braise fabriquée avec les bois du Parc est devenu très dangereux. Il y a beaucoup de sensibilisations du PNKB pour mettre en garde tous ceux qui vendent les produits en provenance du Parc. J’ai stoppé, car j’ai eu peur d’être arrêtée par les écogardes du Parc, mais aussi d’être dénoncée par les sensibilisateurs communautaires. Ces derniers nous ont d’ailleurs dit qu’il y avait une caisse communautaire qui octroyait des microcrédits aux anciens braconniers pour qu’ils investissent dans de nouvelles activités génératrices de revenus moins dangereuses », a-t-elle confiée.

Text Box: « Avec les mises en garde sur le braconnage, il fallait se cacher des écogardes du parc pour ne pas être surpris avec la braise en provenance du parc. Je commençais à me cacher et à emprunter des chemins détournés pour acheminer la braise du parc jusqu’au village à Kahave 1er . J’ai arrêté car ce commerce était devenu un vrai calvaire pour moi ». 
Mukuzo, ancienne vendeuse des produits de braconnage dans le parc de Kahuzi Biega.
En effet, dans le cadre des efforts tendant à améliorer davantage les rapports avec ses voisins, le PNKB, cogéré par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et la Wildlife Conservation Society (WCS), a mis en place en 2010, des mécanismes pour réduire la pression humaine sur les ressources forestières (faune et flore) du Parc. Ces mécanismes, qui visent à améliorer les conditions de vie socio-économiques des populations voisines du Parc, comprennent entre autres des solutions alternatives ou des mesures d’atténuation, dont l’octroi de microcrédits avec une approche de cautionnement solidaire. Ces microcrédits permettent aux communautés locales, dont la survie dépendait presque entièrement du braconnage, d’accéder à des capitaux (limités soient-ils) pour financer des nouvelles activités génératrices de revenus et d’améliorer leurs conditions de vie.

C’est dans ce cadre que Mukuzo a commencé à recevoir, il y a 5 ans maintenant, des microcrédits au sein du Comité de Conservation Communautaire (CCC) du groupement de Bugobe : « Ces microcrédits m’aident beaucoup. En tout, j’ai déjà reçu six cent cinquante dollars américains. J’ai investi dans la fabrication de la braise. Je ne vais plus au Parc ; j’utilise des arbres d’eucalyptus que j’achète auprès des propriétaires des plantations qui sont en dehors du Parc », tient-elle à préciser.

 « Avec cet argent, j’achète aussi des engrais organiques et des semences pour mon champ de choux, carottes et amarantes. J’ai aussi acheté deux chèvres, trois lapins et quinze cobayes que j’élève chez moi. Cela nous permet d’avoir en permanence de la viande à manger à la maison. Les bénéfices de cet argent m’ont permis aussi d’acheter une vache pour payer la dot de mon fils. Et je me rappelle qu’une fois, cet argent m’a aidé à payer mes soins médicaux à l’hôpital », a-t-elle expliqué. 

La responsable du groupe solidaire de Kahave 1er, connue affectueusement sous le nom de Mama Furaha (la mère de Furaha), témoigne que Mukuzo rembourse très bien son microcrédit : « Mukuzo paye souvent son crédit avant l’échéance d’une année. Une fois, elle a même remboursé d’un coup presque la moitié de l’argent qu’elle devait à notre caisse. Cet argent l’aide vraiment beaucoup dans ses activités. Elle avait commencé avec quatre stères d’arbres pour la fabrication de la braise. Aujourd’hui, elle est à sept stères ».

Mukuzo espère vraiment que ces activités des microcrédits à faible taux d’intérêt vont se poursuivre encore durant quelques années. Elle souhaite se constituer un capital consistant pour ne plus trop dépendre de ce microcrédit. Selon elle, sans ces microcrédits, elle n’aurait jamais pu réaliser ses différents projets.

Cellule de communication / PNKB

Auteur :La redaction