PNKB: des bénéficiaires de microcrédits (membres des groupes solidaires) de Bugobe à Kabare, en retard de remboursement, bloquent le lancement de la neuvième vague d’octroi des microcrédits dans leur communauté

Les membres du Comité de la Conservation Communautaire de Bugobe (CCC/Bugobe) lors de la mission de suivi des activités du PNKB dans la collectivité chefferie de Kabare. (Photo : PNKB)

Le microcrédit fait partie des actions du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) pour appuyer les communautés riveraines du PNKB pour améliorer leurs conditions de vie. Ces microcrédits, à faible taux d’intérêt et remboursables dans un cycle d’une année permettent aux membres des communautés riveraines du PNKB dont des anciens braconniers, de démarrer des nouvelles activités génératrices de revenus ; « pour ne plus dépendre des ressources naturelles du Parc, dont les coupes illicites des bois, le recours à l’agriculture itinérante et au braconnage des espèces protégées », a expliqué l’un des membres du Comité de la Conservation Communautaire (CCC), organe qui gère les microcrédits de Bugobe.

Des membres du CCC/Bugobe ont présenté, le mercredi 05 avril 2023, l’état de recouvrement des microcrédits de l’exercice 2021-2022, octroyés aux membres de 9 groupes solidaires établis, en collaboration avec le PNKB, dans trois villages du groupement de Bugobe à savoir Kalulu, Bugobe (centre) et Kahave. C’était lors d’une mission de suivi des activités du PNKB, effectuée par son département de la Conservation Communautaire (CoCo).

« Cette 8ème vague d’octroi des microcrédits à Bugobe a démarré au mois d’août 2021. Elle devrait prendre fin depuis août 2022 », a exposé l’un des membres du CCC/Bugobe.

 « Plus de 7 mois après la date prévue pour la fin de cette vague, nous sommes encore à un taux de recouvrement de 81.8% sur une enveloppe octroyée à 195 personnes. Quelques membres doivent encore aux groupes solidaires, environ 2.600 USD », a-t-il expliqué.

Photo de famille avec les membres du CCC/Bugobe. (Photo : PNKB)

Des membres du CCC/Bugobe ont poursuivi, pour justifier ce retard, que cette vague a connu beaucoup de complications : « D’abord nous avons été déstabilisé dans notre travail par certains leaders locaux et des membres des organisations de la société civile de Bugobe. Ceux-ci voulaient que nous puissions, avec cet argent, financer certains travaux communautaires, au lieu d’octroyer des microcrédits aux membres de la communauté, tel que convenu dans notre accord de collaboration avec le PNKB et la Chefferie de Kabare avec l’appui financier de fonds de la Wildlife Conservation Society (WCS). Nous avons refusé de violer cet accord et nous avons été traduit en justice pour détournement de fonds de la communauté. Le PNKB nous a confié un avocat. Le procès qui nous a donné raison, a duré 6 mois. Ensuite, nous avons deux responsables des groupes solidaires, qui ont recouvré environ 1.000 dollars américains et qui n’ont pas encore déposé cette somme dans la caisse. Enfin, il y a des membres qui prétendent avoir pour le moment quelques difficultés financières. Certains parmi eux ont promis de s’acquitter d’ici là. Nous continuons à sensibiliser les autres pour qu’ils ne pénalisent pas toute la communauté », ont-t-ils confiés.

Des habitants de Bugobe, en ordre avec le remboursement de leurs microcrédits, attendent en effet avec impatience, le lancement dans leurs villages, de la neuvième vague de ces prêts solidaires. « Avec ce grand retard, les ressources de mon ménage deviennent très faibles », a déploré un membre du CCC/Bugobe qui vit à Kalulu. Père de six enfants, cet ancien braconnier vivait de la coupe des bambous et des champs de pommes de terre qu’il cultivait dans le Parc de Kahuzi-Biega, du côté de Lushanja (à 4 heures de marche du village de Kalulu).

Ce membre ayant déjà bénéficié à deux reprises du microcrédit solidaire, a investi dans la vente de lait de vache et un petit kiosque/bistrot de fortune : « Nous n’avons presque plus d’articles sur notre étalage, car nous commençons à toucher au capital investi pour subvenir aux besoins du ménage. Le microcrédit solidaire nous permet de continuer à renflouer nos activités et à vivre uniquement des bénéfices produits par nos différentes activités génératrices de revenus »   

Remboursés correctement, ces fonds des microcrédits permettent de diminuer la vulnérabilité surtout des familles des anciens braconniers. C’est pour cela que l’équipe du département de la Conservation Communautaire du PNKB compte appuyer le comité de gestion des microcrédits de Bugobe dans le recouvrement des fonds encore entre les mains de certains membres des groupes solidaires.

Notons que cela fait près de 13 ans que ce système d’octroi des microcrédits aux communautés de Bugobe riveraines du Parc National de Kahuzi-Biega a été mis en place par le PNKB. A chaque vague, il y a plus ou moins 100 ménages de ce groupement qui bénéficient de ces fonds solidaires remboursables.

Direction du PNKB.

Auteur :La redaction