Un groupe d’anciens braconniers sensibilise des habitants de Kabare sur la protection du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB)

Sensibilisation des habitants de Kabulungu à Kabare sur la protection du Parc. (Photo : PNKB)

Vendredi 7 avril 2023, deux jeunes comédiens, déguisés en vieillards, jouent un sketch devant une foule d’environ deux cents personnes (hommes, femmes, jeunes et enfants) de Kabulungu, un village du groupement de Bugorhe situé aux confins du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) en territoire de Kabare.

« C’est quoi le Parc ? », demande l’un des comédiens. Avec des mimes très humoristiques, l’autre comédien qui joue le rôle d’un grand connaisseur, répond : « Le Parc, c’est l’habitat des animaux, et où il y a toutes sortes de plantes (…). Le Parc est très important car les arbres qui s’y trouvent améliorent la qualité de l’air que nous respirons et nous protègent de la chaleur, (…). Le Parc, c’est un endroit qui est protégé par l’Etat ».

Aussitôt, les deux comédiens discutent sur les conséquences qu’encourt toute personne qui mène des activités illicites dans le Parc, comme y piéger, capturer et tuer des animaux ; y couper des arbres ; y fabriquer de la braise ; y cultiver ; y pêcher ; voire y exploiter des minerais : « Attention mon ami, si on t’attrape dans le Parc en train d’y mener des activités non autorisées, on t’arrête immédiatement et tu risques de passer entre 6 mois à 20 ans de prison. Et ce n’est pas tout. Tu vas aussi payer des amendes qui peuvent aller jusqu’à un milliard de Francs Congolais », met en garde le comédien connaisseur en fixant la foule pour que tous comprennent bien ces sanctions prévues par la loi congolaise sur la conservation de la nature.

Ce sketch de sensibilisation communautaire en swahili avec certains mots en en mashi (langue locale), captive la foule et en même temps, fait passer des messages très importants pour la préservation de la faune et de la flore du Parc. Les organisateurs de cette sensibilisation communautaire sont tous d’anciens braconniers membres de Ntwali Oganisation Paysanne. « Il y a environ 9 mois que notre association a vu le jour. Nous sensibilisons les hommes, femmes (jeunes ou personnes âgées) qui mènent encore des activités sans autorisation dans le Parc. Lorsqu’ils comprennent et prennent conscience que leurs actions détruisent le Parc, ils se joignent à notre groupe et deviennent eux aussi des défenseurs du Parc. Nous comptons aujourd’hui près de 200 braconniers (hommes et femmes) qui ont accepté de se reconvertir et qui vont à leur tour aider l’association à sensibiliser les autres braconniers dans les villages riverains du parc », a confié le responsable de Ntwali Organisation Paysanne.

Remise au Chef de site adjoint du Parc, des pièges artisanaux qu’utilisent les braconniers pour attraper les animaux dans le Parc. (Photo : PNKB)

C’est l’une des associations de ce genre dans l’histoire de l’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature) a fait remarquer Balemba Balagizi, Chef de site adjoint du parc de Kahuzi – Biega, qui a participé à cette matinée de sensibilisation communautaire : « Le fait que d’anciens braconniers se regroupent en association et militent aux côtés du PNKB pour protéger le Parc, c’est une très bonne initiative. Le PNKB a des fonds pour les associations qui ont des projets de développement en faveur des populations riveraines du Parc et pour la protection du Parc », a-t-il déclaré.

Le Chef de site adjoint du PNKB a également rappelé à la foule que les premiers protecteurs de l’environnement, c’est la population : « le Parc n’appartient pas à l’ICCN, il appartient à toute la communauté.  Nous devons tous travailler main dans la main pour sa protection », a-t-il indiqué.

C’est au Chef de site adjoint du PNKB qu’une trentaine des braconniers sensibilisés par Ntwali Organisation Paysanne ont été présentés et ont remis le même jour des pièges artisanaux fabriqués à l’aide de fils d’acier, des têtes de lances en fer et manche en bois, ainsi que des lance-pierres fabriqués avec des morceaux des cordes élastiques découpées dans des pneus usagés. Ces objets, que les braconniers disséminent dans le périmètre du Parc National de Kahuzi-Biega, sont une véritable menace pour les gorilles, les porcs sauvages, les oiseaux et multiples espèces qui risquent de disparaitre, si rien n’est fait.

Et, pour que ces chasseurs, coupeurs d’arbres, fabricants de braise et exploitants artisanaux des minerais, qui viennent de se reconvertir, ne soient plus une menace pour le Parc, le représentant du chef du village de Kabulungu, qui a clos cette matinée de sensibilisation, a recommandé au PNKB d’étudier rapidement des solutions alternatives pour leur survie.

Direction du PNKB.

Auteur :La redaction