Feuille de route de Bukavu de 2019 : échange d’informations sur les réalisations entre le PNKB et les organisations nationales et locales soutenant les droits des Peuples Autochtones Batwa

Le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) a réuni ce 20 février 2024 à Bukavu, au Sud-Kivu, les organisations nationales et locales ayant souscrit en 2019 à œuvrer pour la préservation durable du Parc et à la cohabitation pacifique avec le Peuple Autochtone Batwa (PA) et les autres communautés riveraines.

Ces engagements sont consignés dans une feuille de route qui précise en 20 articles les actions prioritaires à mener par les parties prenantes dont le gouvernement congolais, les organisations nationales, locales, y compris les organisations internationales qui appuient la conservation en RDC. Parmi ces actions figurent l’accès à la terre, à l’emploi et à l’éducation pour les peuples autochtones, la construction et la réhabilitation des infrastructures sociales, la promotion de la culture Batwa, etc.

« La réunion d’aujourd’hui accorde une attention particulière aux organisations nationales et locales impliquées dans cette feuille de route, car leurs actions sont cruciales pour renforcer les liens et promouvoir une coexistence harmonieuse entre le PNKB et les communautés locales, notamment les Batwa. De plus, certaines de ces organisations s’étaient engagées à céder aux Batwa certaines terres dont elles disposaient», a informé Deo Kujirakwinja, Chef de Site du PNKB, en expliquant pourquoi cinq (5) ans après la signature de cette feuille route, cette réunion de partage d’informations sur les réalisations des parties prenantes est importante : « Les informations et impressions recueillies permettront au PNKB, de bien préparer, en collaboration avec d’autres partenaires techniques et financiers internationaux, la réunion prévue avec le cadre de concertation instauré pour suivre la mise en œuvre de cette feuille de route. Dans cette réunion avec le cadre de concertation, toutes les parties prenantes, y compris la partie gouvernementale, évalueront les progrès accomplis au cours des cinq dernières années et envisageront de nouvelles stratégies pour concrétiser les objectifs définis », a-t-il  souligné.

Echange d’informations sur les terres attribuées aux PA par les organisations nationales et locales parties prenantes de la feuille de route de Bukavu de 2019

« Terre mère nourricière ! Pour nous, la terre est la source de tous nos besoins. Un homme sans terre, c’est un homme qui n’existe pas ».  Présent lors de cette réunion de partage d’informations, Kapupu Diwa Mutimanya, Ambassadeur des Peuples Autochtones (PA) auprès de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) et coordinateur honoraire du Programme Intégré pour le Développement des Peuples Pygmées (PIDEP), a mentionné ce dicton traditionnel Batwa afin de souligner l’importance que les PA¨ accordent à la terre et pourquoi cette question doit être abordée avec la plus grande délicatesse pour éviter toute confusion.

Alors que l’accès à la terre pour les peuples autochtones est une responsabilité et un engagement pris par le gouvernement congolais lors des réunions de Bukavu en 2019, des organisations nationales, locales et des personnes engagées dans la conservation de la biodiversité du PNKB et le respect des droits des communautés autochtones avaient également promis d’octroyer certaines terres aux peuples autochtones.

L’Union pour l’Emancipation de la Femme Autochtone (UEFA), Strong Roots Congo et le PIDEP ont pour cela éclairé sur les terres qu’elles s’étaient engagées à remettre aux PA.

Pour l’UEFA, le terrain promis de Kamakombe (1/3 hectare (ha)) dans le territoire de Kabare a été remis aux peuples autochtones de la région, qui possèdent déjà un titre de propriété (certificat d’enregistrement) pour cette parcelle. UEFA a octroyé également aux PA un terrain de 27 ha à Chanderema à Kalonge dans le territoire de Kalehe. Les PA qui exploitent déjà cette terre n’ont pas encore reçu de documents officiels confirmant leur propriété. Il y a aussi des conflits de gestion de cette terre entre deux familles des leaders PA.

Toujours dans le cadre de cette feuille de route, un bienfaiteur privé, le Général Mundos a déjà remis 10 ha de terre aux PA vivant à Chaminunu à Kalonge dans le territoire de Kalehe. Les PA qui habitent là-bas n’ont pas encore reçu le titre de propriété de cette terre.

De son côté, Strong Roots Congo avait promis 10 ha à Buyungule dans le territoire de Kabare. Bien que les peuples autochtones vivent déjà dans cette concession et l’exploitent, la remise officielle de cette terre par Strong Roots n’a pas encore été effectuée. « Nous allons officiellement remettre les documents de ces terres aux peuples autochtones dans les prochaines semaines« , a déclaré Dominique Bikaba, Directeur Exécutif de Strong Roots Congo.

Concernant le terrain de Kashusha, qui mesure environ 4,8 hectares, acquis par le PIDEP et identifié lors de la réunion de Bukavu en 2019 comme devant être attribués aux Batwa de Kabare, les responsables de cette organisation ont annoncé qu’ils envisageraient une nouvelle affectation de cette terre. Ils souhaitent que cette terre ne soit pas uniquement destinée à la communauté Batwa de Kabare, mais à tous les PA de l’ancien Kivu en général. Ils ont suggéré que cette terre soit utilisée pour mettre en place des activités bénéfiques à l’ensemble des peuples autochtones.

« Le débat qui a marqué cette réunion a été franc. Chaque organisation a manifesté son engagement à rechercher des solutions selon ses moyens. Les organisations de la société civile (OSC) ont exposé ce qu’elles ont déjà accompli, ce qui reste à faire, ainsi que leurs limites. Les OSC font leur part, mais il est désormais nécessaire que les autorités congolaises assument leurs responsabilités et respectent aussi leurs engagements. Nous avons besoin de l’implication adéquate des chefs locaux, notamment des chefs coutumiers, pour fournir une réponse appropriée à la communauté Batwa, en particulier en ce qui concerne l’acquisition des terres»,  a confié Josué Aruna, Président de la société civile environnementale et Agro Rurale du Sud-Kivu.

Outre la question de la terre, une actualisation a également été fournie concernant les grands points essentiels de la feuille de route, tels que la scolarisation des enfants Batwa, la délimitation des limites du PNKB dans les zones problématiques, ainsi que la réhabilitation et la construction des infrastructures sociales.

Au courant de ce même mois de février, le PNKB a organisé des échanges similaires avec les chefs et leaders Batwa des territoires de Kabare, Kalehe, au Sud-Kivu, ainsi que de Walikale, au Nord-Kivu.

Auteur :La redaction

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