Nord-Kivu : des viandes d’animaux sauvages protégés servies dans des restaurants à Itebero

Viandes de singes fraichement tués, découverts dans un restaurant à Itebero. (Photo : PNKB)

Viandes de singes fraichement tués, découverts dans un restaurant à Itebero. (Photo : PNKB)

Le 24 juin 2023, la Police Nationale Congolaise (PNC) et les écogardes du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) ont découvert des viandes de singes fraîchement tués dans un restaurant à Itebero, territoire de Walikale au Nord-Kivu.

Au moment des faits, la tenancière de l’établissement commençait à découper les viandes en morceaux. Elle s’apprêtait à les boucaner, avec l’intention de les préparer et de les servir à ses clients.

L’intervention des forces de l’ordre et du PNKB dans ce restaurant a mis en évidence le fait qu’à Itebero, la consommation de la viande de brousse reste enracinée dans certaines pratiques culinaires, en dépit des lois et réglementations congolaises pour sauvegarder les espèces protégées.

Au cours du dernier trimestre seulement, plusieurs cas de trafic illicite de viandes de singes ont été signalés dans ce secteur. Les écogardes du PNKB sont parvenus à mettre la main sur quatre (4) d’entre les trafiquants, parmi lesquels deux petits garçons.

« Il est urgent de lutter contre le commerce des viandes de singes à Itebero. Les espèces les plus touchées sont les cercopithèques (hamlyni, mona et mitis). D’autres animaux sauvages totalement protégées comme les potamochères (de la famille de sangliers), les monticola, les antilopes bongo, sont aussi souvent capturés dans le Parc et vendus ici à Itebero », a confié Fidèle Bukera, Conservateur Assistant et chef de secteur du PNKB à Itebero.

Le chef de secteur du PNKB à Itebero a déjà pris contact avec l’intérimaire du chef de secteur de Bakano pour souligner l’urgence de la situation et l’importance de lutter contre l’achat et à la commercialisation illicite de viandes d’espèces protégées dans cette zone.

« Les autorités locales doivent aider le PNKB à renforcer la surveillance et l’application de la loi pour décourager ces activités illicites », a-t-il déclaré, ajoutant : « Il faut également mener de nombreuses actions de sensibilisation pour une prise de conscience collective et l’engagement de tous en vue de lutter contre le braconnage et le commerce illicite des viandes de brousse. Il est aussi essentiel que les consommateurs de ces viandes de singes prennent conscience de l’impact de leurs choix alimentaires sur la survie des espèces protégées dans le Parc et du risque possible pour la santé humaine que représente la consommation d’animaux sauvages s’ils sont contaminés. »

Pour cela, une réunion de sécurité élargie est prévue dans les prochains jours à Itebero. Elle rassemblera plusieurs acteurs, dont des représentants des communautés locales, afin de trouver des solutions collectives pour lutter contre cette pratique.

Il convient de noter que les petits singes jouent un rôle essentiel dans l’écosystème en tant qu’agents de dispersion des graines, contribuant ainsi au maintien de l’équilibre de la biodiversité.

Potamochère Sanglier. (Photos PNKB)

Auteur :La rédaction