La direction du parc, par la voix de son Chargé de communication M. Hubert MULONGOY, donne l’alerte sur la gravité de la situation qui prévaut à Kahuzi-Biega. Cela fait suite au retour des activités illégales à l’intérieur de l’aire protégée. C’est le cas notamment à Kajeje, dans le territoire de Kabare. Cette situation l’est également à la lisière du parc. On y croise les personnes condamnées, pourtant à 15 ans de servitude pénale en début de cette année, circuler librement.

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Les pygmées de Kajeje retournent illégalement dans la forêt
Dans le territoire de Kabare, une reprise des activités illégales de carbonisation et d’exploitation des ressources naturelles a été constatée. En effet, de ce côté, certains riverains ont recommencé à couper les arbres pour la fabrication du charbon de bois. Cela détruit l’habitat d’une espèce classée en danger critique d’extinction par l’IUCN. Cette activité est le fait, non des villageois qui se sont sédentarisés à Kajeje, mais des criminels.
Il ne s’agit pas de n’importe quel criminel, mais bien de ceux qui ont été arrêtés il y a quelque temps et condamnés par la justice militaire. Les peines de 15 ans de servitudes pénales ont été prononcées, mais moins d’un an après, ces condamnés sont libres. Ils reprennent même leurs armes pour recommencer à braconner.
Pire, ces personnes libérées on ne sait comment, se rallient aux milices nouvellement créées.
Cette situation démotive les éco-gardes qui trouvent leurs efforts anéantis par la libération des personnes qu’ils ont arrêtées à la fin de l’année dernière. A se demander si la justice cautionne les activités illégales de ces criminels libres, malgré une condamnation de 15 ans après un jugement équitable. Ces personnes ont pourtant reconnu leurs méfaits y compris le port d’armes de guerre. Elles n’en ont tiré aucune leçon et reprennent aussitôt les armes pour braconner et commettre de nouveaux méfaits dans le parc national.

Un silence complice des organisations de défense des autochtones
Lorsque les éco-gardes travaillent à la neutralisation des inciviques, nombreuses sont les organisations non gouvernementales qui s’en émeuvent. Les lois et règlements doivent être appliqués par les personnes chargées de la protection des parcs. Par le passé, lorsqu’elles le faisaient, toutes les ONG de défense des droits des pygmées étaient vent debout. Ces organisations ont même été jusqu’à les armer pour lutter contre l’autorité de l’État. Que font-elles aujourd’hui pour aider ces populations à survivre : rien !
Au contraire, ils cherchent à saper le moral des gardes en les accusant de mauvais traitement alors qu’ils appliquent la loi. Depuis près d’un an que la majorité des occupants de la forêt ont quitté les lieux, ces organisations ont disparu. C’est plutôt le parc de Kahuzi-Biega qui essaie tant bien que mal à aider ces autochtones, même durant la période d’état d’urgence sanitaire récente. C’est le cas, par exemple, dans les villages de Muyange, Kalonge et Bitale où la direction a fourni du matériel pour l’agriculture et des équipements de protection contre le coronavirus.
Les actes répréhensibles d’une organisation locale
Nous avons des éléments à charge de l’ONG CAMV (Centre d’Accompagnement des Autochtones Pygmées et Minoritaires Vulnérables). Nous avons des preuves que cette organisation locale soutenue par Forest People Program, instrumentalise les pygmées. Il y a même des cas avérés d’imitation des signatures de certains leaders pygmées. Ils les incitent à adhérer leur idéologie destructrice. Dans une rencontre avec la société civile, les leaders pygmées ont nié avoir signé la pétition présentée par CAMV. Pourtant cette ONG commet des actes illégaux afin de militer pour le retour des pygmées dans la forêt. Elle est de ce fait, auteur moral des infractions prévues par les article 81 et 82 de la loi du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature.
Le CAMV s’oppose à la puissance publique en agissant ainsi. L’article 36 de la loi citée ci-haut a institué une organisme public ayant pour mission la gestion des aires protégées. Elle a donné entre autres, pour mission la surveillance des aires protégées. Au niveau local, le bureau de l’ICCN protège le Parc National de Kahuzi-Biega. Cela se fait malgré le manque récurrent de moyens du parc. Même l’Etat a démissionné dans sa mission de subventionner l’organe qui gère tous les parcs nationaux.
Manque criant de moyens pour bien remplir ses missions
Comme l’a souligné récemment le Directeur Général de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, l’Etat n’a plus versé de subventions dues à la gestion des parcs nationaux et apparentés depuis une quinzaine d’années. Cela a pour conséquence un exercice difficile des missions dévolues aux aires protégées. La gestion du Parc de Kahuzi-Biega est aussi impactée.
Cela est d’autant plus aggravé que les revenus touristiques ont baissé à cause de la pandémie de coronavirus. Cela est tombé justement après la sécurisation de Kahuzi-Biega et la bonne coopération avec les autochtones. L’année 2020 aurait dû être celle du retour des touristes. Mais, ce n’est pas vraiment encore le cas, malgré de nombreuses manifestations d’intérêt. Il est temps que nos autorités se penchent sérieusement sur la situation de nos parcs avant qu’il ne soit trop tard.
Propositions pour des pistes de solution pour certains acteurs
Nous proposons que l’Etat organise de toute urgence des formations sur la législation de l’environnement aux autorités judiciaires chargées de traiter les affaires liées aux aires protégées. Car, nous avons constaté le peu d’application de la loi par certains magistrats. Pire, un juge du Parquet de Kavumu a annulé un jugement en défaveur d’une personne avec laquelle il est en liaison intime. Il est même allé jusqu’à offrir une concession à cette personne, à l’intérieur de l’aire protégée. Des enquêtes disciplinaires, voire judiciaires sont à envisager pour ces cas graves.
D’autre part, le CAMV, par ses actes illégaux répétés et son incitation aux pygmées à commettre des infractions punies par la loi, doit perdre ses agréments. En effet, cette organisation a été enregistrée le 26 septembre 1997 par l’arrêté provincial n°112/S-KV/608/97 et obtenu la personnalité juridique par l’arrêté ministériel n°067/CAB/MIN/J/2007 du 05 février 2007. Nous demandons l’annulation de cet arrêté et le retrait des autorisations de fonctionnement de cette ONG, ainsi que la radiation du CAMV accompagnée des poursuites pénales de leurs dirigeants. Cette association est à la base de la mise en liberté de M. Kasula. Ce dernier a été condamné en début d’année, à 15 ans de servitude pénale. Aujourd’hui libre, il a recommencé ses actes illégaux dans la lisière du parc de Kahuzi-Biega.