Sud-Kivu : les chefs et leaders communautaires de Miti Centre Choisissent leurs  canaux de communication avec  le Parc National de Kahuzi-Biega

Le 20 mars 2024, Pascal Kazingufu Bujiriri, responsable des jeunes du groupement de Miti, en territoire de Kabare au Sud-Kivu, a exprimé un sentiment de frustration partagé par de nombreux habitants de cette zone riveraine du  Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) : Celui de l’insatisfaction quant à la transmission de leurs messages aux responsables du Parc.

« Nous avons tenté à plusieurs reprises de faire parvenir nos plaintes aux responsables du Parc, souvent par l’intermédiaire de certains de leurs agents qui vivent ou qui passent par ici. Cependant, nous avons le sentiment que nos messages ne leur parviennent jamais », a-t-il confié.

Ce leader des jeunes de Miti a participé à la consultation communautaire organisée ce jour par le PNKB à Miti Centre. Cette réunion a rassemblé une centaine de personnes, parmi lesquelles le Chef du village de Miti Centre, le Chef de Centre de Miti, les chefs de sous-villages, les chefs de Nyumba kumi (pâtés de 10 maisons), ainsi que des membres des organisations de la société civile. 

Objectif majeur de la rencontre : informer et former les communautés  de Miti Centre sur le nouveau Mécanisme de Gestion de Plaintes et de Feedbacks (MGPF), mis en place  au sein du PNKB depuis plus d’une année maintenant. 

« C’est pour améliorer la communication et la prise en compte des préoccupations des riverains, que le PNKB a désormais en son sein une équipe dédiée uniquement  à la réception , au traitement, à l’orientation  et au suivi des messages des communautés locales », a informé l’équipe  du PNKB chargée du MGPF.  Cette équipe a expliqué le fonctionnement de ce mécanisme et a recueilli les suggestions des participants quant aux moyens les plus accessibles pour eux de transmettre leurs messages aux gestionnaires du Parc.

Les participants ont décidé de choisir des points focaux locaux ou moniteurs communautaires pour recevoir et transmettre leurs messages au Parc.  Pour cela, ils ont opté par vote pour deux jeunes leaders de Miti, à savoir Pascal Kazingufu Bujiriri et Evelyne Shukuru Musanganya. Ils ont également suggéré d’avoir un numéro de téléphone pour contacter le Parc en cas d’urgence. Toujours pour atteindre les responsables du Parc, ils ont émis le souhait de  passer par  la radio Gorilla FM, qui émet au quartier général du PNKB à Tshivanga. Pour les messages moins pressants, ils ont proposé l’installation de boîtes aux lettres, notamment au bureau du Chef de village  de Miti et au bureau du groupement de Miti.

Cette réunion était aussi l’occasion pour les participants  de présenter sans attendre  leurs griefs envers le Parc. Un participant a déclaré : « Le groupement de Miti abrite le capital du Parc, c’est là que passent tous les touristes. Mais notre communauté et nos villages ont une apparence misérable, ce qui n’est pas une bonne image pour le tourisme. Pourquoi le PNKB ne peut-il pas investir dans la modernisation de ce groupement qui est à la porte d’entrée du Parc ? » Un autre a ajouté : « À part un petit micro-crédit accordé à un groupe composé majoritairement de femmes, le Parc n’organise pas beaucoup d’activités communautaires ici à Miti Centre. » Un autre participant a suggéré : « Nous souhaiterions que les activités du PNKB à Miti Centre ciblent en priorité les jeunes et les hommes, car ce sont eux qui coupent principalement les arbres du Parc pour fabriquer des planches et de la braise. Il faudrait orienter la plupart des actions du Parc vers eux pour les dissuader de détruire le Parc. »

L’équipe MGPF a répondu en disant que c’était entre autres ce type de plaintes, d’informations et de suggestions dont le Parc a besoin. Ces retours d’information vont contribuer dans la réorientation des actions et du programme ,  à l’amélioration de la gestion et la préservation du Parc, a souligné l’équipe MGPF, en présentant les catégories d’informations que les communautés peuvent transmettre au Parc.

À ce jour, des canaux de communication entre le Parc et les communautés riveraines sont opérationnels dans 28 villages. Des ententes ont été formalisées pour leur mise en place dans 37 villages riverains.  Des consultations communautaires se poursuivent  ce mois d’avril 2024 dans plusieurs autres villages situés dans la partie haute altitude du Parc, avant de s’étendre vers les villages en basse altitude.

Le projet « Kahuzi-Biega, Parc de la Paix », financé par le Fonds pour la Consolidation de la Paix du Secrétariat général des Nations Unies (UNCDF) et mis en œuvre par le Fonds d’Equipement des Nations unies (FENU) et la Wildlife Conservation Society (WCS), ainsi que le projet « Tulinde Haki Na Mazingira Zetu », financé par le peuple américain à travers l’USAID, apportent leur soutien à cette initiative.

Auteur :La redaction