Renforcement des compétences en suivi écologique dans les aires protégées : session de recyclage aux PNKB, RFK et RFO

Des séances de recyclage et d’harmonisation du protocole de suivi écologique ont eu lieu ce mois d’octobre 2023 à Tshivanga, au Parc National de Kahuzi-Biega, situé dans la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Ces sessions, alliant théorie et pratique, ont réuni 21 participants issus des équipes de recherche, de bio-monitoring et de lutte anti-braconnage de trois aires protégées de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) appuyées par la Wildlife Conservation Society (WCS) : le Parc National de Kahuzi-Biega (provinces du Sud-Kivu, Nord-Kivu et Maniema), la Réserve à Faune d’Okapi (provinces de l’Ituri et du Haut-Uélé) et la Réserve à Faune de Kabobo (provinces de Tanganyika).

Wen Mayuku, chargé de recherche senior à WCS  au Parc National de Nouabalé-Ndoki au Congo-Brazzaville, a apporté son expertise en tant que facilitateur lors de ces sessions. Il souligne l’importance cruciale du suivi écologique dans la surveillance des espèces emblématiques qui peuplent les aires protégées de la RDC notamment les gorilles, les chimpanzés, les okapis, les éléphants, ainsi que les grands ongulés tels que les buffles et les bongos. 

« Le suivi écologique est le baromètre de la conservation. Il permet de collecter des données cruciales sur la gravité des menaces qui pèsent sur la faune, ainsi que sur l’abondance des espèces au sein de chaque aire protégée. Les résultats de ces suivis servent de boussole et permettent aux gestionnaires des aires protégées d’évaluer l’efficacité des stratégies de conservation en place et d’instaurer une gestion adaptative si nécessaire. Par exemple, en cas d’augmentation des menaces telles que le braconnage, des mesures correctives peuvent être prises, telles que le renforcement des équipes d’éco-gardes, l’intensification des campagnes de sensibilisation ou encore le soutien accru aux communautés locales », a-t-il expliqué.

14 jours durant, il a été ainsi question d’uniformiser les méthodes d’inventaire de la faune au sein des trois aires protégées mentionnées. Benjamin Wilondja, en charge de Biomonitoring  et application de la loi, au sein de la Réserve à Faune de Kabobo, explique que les équipes ont travaillé à harmoniser les méthodes de collecte des données nécessaires pour réaliser des inventaires : « Avant de débuter le suivi écologique sur le terrain, une étape cruciale est entreprise : celle de l’échantillonnage systématique. Des transects  (ou lignes virtuelles le long desquelles on compte les occurrences d’objets d’études dans un habitat naturel) sont placés aléatoirement pour guider les équipes dans la recherche d’indices de présence. Ces indices sont ensuite relevés strictement à partir de la ligne médiane du transect, garantissant ainsi des données fiables. Nous avons fait des simulations en pleine forêt de mise en place des transects pour être sûr que nous le ferons de la même manière partout ».

Les méthodes de comptage spécifiques à certaines espèces ont également été passées en révision lors de ces sessions. Wen Mayuku, qui a animé ces séances de recyclage et d’harmonisation des pratiques de suivi écologique, renseigne : « Par exemple, pour les gorilles, nous favorisons l’observation des nids car chaque individu érige au moins un abri par jour. En revanche, pour les éléphants et les buffles, nous comptons les excréments. Cette approche s’explique par la difficulté de compter et d’observer directement ces animaux dans les forêts tropicales, où ils ont tendance à se dissimuler des observateurs. Donc, si l’on se fie uniquement à l’observation directe pour compter les animaux un à un, les données risquent d’être altérées ». 

Claire Mulonda, une éco-garde au sein de l’équipe de recherche et de bio-monitoring du Parc National de Kahuzi-Biega, et la seule femme à avoir pris part à ces sessions de recyclage, partage son expérience : « Ces sessions ont renforcé mes compétences en mesure des distances perpendiculaires, en fixation de cap, en réglage du topofil, ainsi qu’en utilisation du smart mobile, un outil semblable à un cyber-tracker qui permet de saisir les données directement sur le terrain. J’ai également acquis des connaissances sur la manière de diriger une équipe d’inventaire ». 

Pour le PNKB, ces sessions tombent à point nommé car le parc se prépare à faire un inventaire de sa faune. Cet inventaire va établir un état des lieux de la présence d’espèces emblématiques telles que les éléphants et les gorilles,  après une période de près de 6 ans.

En outre, ces sessions de partage d’expérience et d’harmonisation marquent un pas significatif vers la standardisation des méthodes de suivi écologique dans les aires protégées non seulement de la RDC, mais aussi celles d’Afrique centrale. Cette uniformisation de protocole permettra des comparaisons fiables entre les données collectées dans différentes aires protégées de la région, que ce soit en RDC,  au Congo-Brazzaville ou au Cameroun.

En lunette au centre, le Chef de site du PNKB avec des équipes du PNKB, RFO et RFK recyclées en suivi écologique. (Photo : PNKB)

Auteur :La redaction

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