Difficile de déterminer l’âge exact de Bakongo Lushombo, surnommé affectueusement le « Doyen » par ses collègues pisteurs de gorilles dans la zone touristique du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB). « Ce sont mes enfants qui ont une idée de mon âge « , partage-t-il en riant. Ces enfants estiment qu’il a entre 64 et 67 ans. Pourtant, selon les archives administratives du PNKB, Bakongo est né en 1950, ce qui lui donne l’âge de 73 ans.
« Bakongo est l’un des pisteurs de gorilles des plaines de l’est, les plus expérimentés et talentueux” partage l’un de ses collègues. Toutefois, personne ne peut précisément déterminer quand il a débuté son travail de pisteur au sein du PNKB. Bien que sa fiche administrative indique qu’il a officiellement été enregistré en tant qu’agent en 1990, Bakongo se souvient avoir exercé cette profession depuis son plus jeune âge. Et, se mouvoir dans la forêt semble être un don inné chez lui, tout comme chez la plupart des membres de la communauté batwa (Peuple Autochtone Pygmée), à laquelle il appartient.
«Quand j’ai commencé à travailler au PNKB, j’ai reçu une formation sur la protection de l’environnement. Celle-ci sur les droits humains est la deuxième à laquelle je participe. Pendant toutes ces années, je n’ai jamais été convié aux formations. Je ne sais pas pourquoi », confie Bakongo.
Bakongo vient en effet de participer à la sixième session de formation des éco-gardes du PNKB sur les droits humains, la protection, la sauvegarde et la cohésion sociale. Cette session s’est tenue du 24 au 27 octobre 2023 à Tshivanga au quartier général du PNKB.

Tout comme les autres participants, Bakongo a reçu un étui contenant un carnet et un stylo. Tel un jeune étudiant, il a assisté assidûment à chaque séance de formation, toujours accompagné de son étui. Mais, Bakongo sait-il lire et écrire ? Il répond avec un sourire malicieux et en plaisantant : « Je ne sais pas écrire, mais je sais lire » !
Malgré cela, Bakongo a participé activement aux discussions interactives et travaux en groupes sur les différents sujets abordés au cours de cette session. « J’ai particulièrement compris que j’ai droit à un salaire décent », confie-t-il avant d’ajouter : « J’ai aussi retenu que lorsque nous arrêtons les braconniers, nous devons simplement les remettre aux autorités et n’user de la force que si c’est inévitable. De plus, nous avons reçu l’injonction de ne pas courtiser les femmes d’autrui dans la communauté, en particulier les jeunes filles de moins de 18 ans. Car là, les ennuis peuvent sérieusement commencer pour toi », conclut-il.
Le renforcement des capacités des écogardes du PNKB sur les questions des droits humains, la protection, la sauvegarde et la cohésion sociale souligne en effet l’importance cruciale d’une collaboration mutuelle entre les écogardes et la population locale car les écogardes sont appelés à être des gardiens exemplaires, tant de la nature que des droits fondamentaux de l’homme. Cette formation leur offre donc les outils nécessaires pour agir avec responsabilité et bienveillance envers les communautés locales dans le strict respect de la dignité humaine.
Rappelons que ces séances ont été animé en collaboration avec divers partenaires, notamment l’Auditorat militaire supérieur près la cour militaire du Sud-Kivu, le Bureau Conjoint des Nations Unies des Droits de l’Homme (BCNUDH), ainsi que la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (Monusco).

