Sud-Kivu : des familles Batwa s’installent et s’intégrent à Kamakombe pour préserver le Parc National de Kahuzi-Biega

A Buyumbu, dans le sous-village d’Iguru à Kamakombe, en territoire de Kabare au Sud-Kivu, se dressent sur une petite colline, de modestes habitations nouvellement érigées par un groupe de huit ménages de la communauté  Peuple Autochtone Batwa. Ces petites maisons de fortune, certaines construites avec des branches et de la terre battue, d’autres revêtues de feuilles sèches de bananiers, est signe de l’effort de ces familles pour trouver un refuge stable.

« C’est juste après la délivrance des documents officiels de propriété de ce terrain par l’autorité provinciale du Sud-Kivu au mois d’août 2023 que nous avons commencé à nous installer progressivement sur ce terrain », déclare Mirindi Ndashiga, reconnu comme le chef de ce groupe de Batwa.

Ce terrain d’environ un demi-hectare leur avait  été promis par l’Union pour l’Émancipation de la Femme Autochtone (UEFA), il y a 6 ans. C’était dans le cadre de la feuille de route de Bukavu, établie à l’issue du dialogue sur la protection durable du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) et la cohabitation pacifique entre le Parc, les peuples autochtones Batwa et les autres communautés riveraines.  Cette feuille de route précise en 20 articles les actions prioritaires à mener par toutes les parties prenantes dont le gouvernement congolais, les organisations nationales, locales, y compris les organisations internationales qui appuient la conservation en RDC. Parmi ces actions figurent l’accès à la terre pour les PA Batwa.

Les démarches engagées par le PNKB pour obtenir,  au nom de ces familles Batwa les documents de propriété leur permettant de s’installer légalement sur ce terrain offert par l’UEFA, ont pris plus de temps que prévu.
Mieux vaut tard que jamais, le fait de ne plus avoir à louer de maisons ou d’être expulsé est désormais un poids en moins pour ce groupe de Batwa.

« Nous ne sommes plus des locataires, nous occupons désormais les maisons que nous construisons nous-même. Personne ne vient nous demander les frais de loyer ici. Nous nous habituons petit à petit à vivre dans cet environnement avec nos nouveaux voisins », s’est exclamé Cimanuka Marandanya, un autre leader de ce groupe.

Quant aux voisins ; ils ne se plaignent pas de cette nouvelle cohabitation ! « Cela fait quelques mois qu’ils sont venus s’installer ici dans notre quartier. Ils vivent bien avec les autres communautés. Nous n’avons  enregistré aucun problème entre eux et leurs voisins »,  témoigne Mamimami Malekera le chef de quartier de Buyumbu.

Malgrè les conditions de vie précaire qu’ils mènent, ces familles Batwa travaillent durs pour essayer de vivre dignement. Le terrain est petit et c’est à peine que ça suffit pour l’intimité de chaque maisonnette.

« Il n’y a pas assez d’espace ici pour avoir à la fois nos propres maisons et nos propres champs à cultiver. Pour subvenir aux besoins de nos familles, nous travaillons dans les champs de nos voisins. Nous allons chercher du bois mort dans la plantation d’un privé, située juste à côté. Nous revendons une partie de ce bois et nous utilisons le reste pour la cuisine. Je peux dire que nous gagnons juste assez pour avoir de quoi manger » a confié Noela Naminani, une mère de famille Batwa.

Le peu d’argent que ces familles Batwa gagnent, ne leur permet pas de répondre à certains besoins essentiels. Par exemple, a confié un parent, ils ont du mal à accéder aux soins de santé dans le petit dispensaire du village  ni d’envoyer tous leurs enfants à l’école.

« Sans argent, il est impossible de bénéficier des services de ce dispensaire. Coté éducation, le PNKB prend en charge les frais de scolarité de seulement un enfant par ménage. Ca nous soulage un tout petit peu, même si les écoles où nos enfants sont inscrits, sont un peu éloignées de ce village. Nous souhaiterions que l’année prochaine nos enfants soient pris en charge dans les écoles qui sont proches d’ici».

Depuis leur installation sur ce terrain octroyé par l’UEFA, il est clair que ces familles Batwa luttent chaque jour pour se construire une vie meilleure. Parmi les souhaits de ces familles pour améliorer leur quotidien, les plus pressants sont d’obtenir leur propre système d’adduction en eau potable et de bénéficier d’un soutien pour l’amélioration de leurs habitations.

 « Les conduites d’eau qui alimentent les autres parties du village passent juste à côté de notre terrain. Malheureusement, nous n’avons pas les ressources nécessaires pour capter cette eau et installer une borne-fontaine sur notre terrain. De plus, si nous disposions des moyens financiers conséquents, nous allions améliorer la construction de nos maisons en utilisant des matériaux plus durables » a confié Cimanuka Marandanya.

La détermination de ces huit familles Batwa qui se sont installées à Kamakombe, face aux défis quotidiens de la vie, est remarquable. Cette résilience peut contribuer à la réduction de la pression exercée sur les ressources naturelles du Parc National de Kahuzi-Biega par les communautés riveraines.

Auteur :La redaction

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