Deux chercheurs confirment la grande importance du couloir écologique

La chercheuse hongroise Cintia GARAI et le congolais Augustin Kanyinyi BASABOSE ont passé une demi-journée dans le couloir biologique. Ils ont apprécié non seulement le paysage, mais aussi ce climat de sérénité qui y règne. Cest d’ailleurs la première fois qu’ils visitent ces lieux. Et pourtant, M. BASABOSE a réalisé ses travaux de recherche depuis 26 ans au parc de Kahuzi-Biega. Durant cette longue période, il n’y est jamais pouvoir arrivé. Les deux chercheurs n’ont pas manqué de donner leurs recommandations. Ils ont réaffirmé la nécessité, au directeur du site, de rester vigilent sur la protection de l’habitat. Ils ont également validé la nouvelle politique de collaboration avec les riverains, telle qu’elle a été adoptée. En sus, les deux primatologues ont des projets pour le parc de Kahuzi-Biega.

Les deux chercheurs prennent des photos des vaches présentes dans une ferme de la zone tampon, mais hors les limites du parc.
De g. à d. Rocky MBUYU, Dr Cintia GARAI, Dr Augustin BASABOSE, le directeur De Dieu BY’AOMBE © PNKB

Couloir d’échanges biologiques

Ce passage obligé des espèces locales entre la partie basse et la partie haute a été longtemps entravé. C’est à cause de par la présence humaine. Il y a eu de l’exploitation agricole et même minière. Le pire de tout a été la déforestation massive pour la fabrication de charbon de bois. Ceci était le fait des différents groupes armés. Ce qui a eu pour conséquence, la quasi disparition de la faune sauvage dans cette zone.

Le passé

L’absence de déplacements des animaux a été un frein pour l’échanges de gênes par la reproduction des individus éloignés. Le risque de consanguinité des groupes bloqués soit à la partie haute, soit à la partie basse était évident. Les enjeux de perte de variétés génétiques étaient bien réels. L’absence d’interactions entre les espèces vivant dans ces zones séparées par le couloir biologique faisait courir un réel. Celui de la disparition de certaines espèces dans ces secteurs.

L’avenir

Tout ceci appartient désormais bien au passé, avec la paix retrouvée et le départ des fermiers de l’espace protégé. Cela, grâce à la politique de collaboration et de cohabitation pacifique. Elle concerne le parc avec les communautés riveraines et la société civile. Cette voie a été adoptée en septembre 2019. C’était lors des assises du dialogue de haut-niveau organisé à Bukavu. Certes, des fermes sont toujours présentes dans la zone tampon, mais elles se situent en dehors du parc. Le passage d’animaux sauvages est assuré. Les conflits avec les fermiers et le parc sont dissipés. Le climat de sécurité qui y règle désormais favorise les déplacements d’espèces. Les Dr GARAI et BASABOSE l’ont constaté eux-même. Ils se sont même arrêtés devant un élevage de vaches juste dans les limites du parc. Ils ont pris de nombreuses images du couloir biologique.

Ce dernier a déclaré que la restauration de l’habitat doit continuer. Il l’a répété directeur que la sensibilisation auprès des riverains devait continuer. Le colonel De Dieu BY’AOMBE était présent avec le porte parole Hubert MULONGOYI et Me Didace BAHATI, l’inspecteur labo. Des gardes expérimentés, dont Rocky MBUYU et John BITAMENYEKA, les ont également accompagnés.

Photo souvenir des visiteurs du jour : Hubert MULONGOYI, Didace BAHATI, De Dieu BY'AOMBE, Augustin BASABOSE, Rocki Mbuyu et Cintia GARAI
De g. à d. Hubert MULONGOYI, Me Didace BAHATI, De Dieu BY’AOMBE, Augustin KANYINYI, Rocky MBUYU et Cintia GARAI © PNKB

L’avis du Docteur BASABOSE

Le biologiste et primatologue a défendu sa thèse à l’université de Kyoto en 2005. Les études ont été axées sur les chimpanzés habitant la forêt montagnarde du parc national de Kahuzi-Biega. Ses recherches y ont commencé en 1994. Cette période a coïncidé avec les conflits armés, avec la présence de nombreux groupes illégaux. Il était dès lors impossible pour lui de s’y risquer. C’est en juillet 2020, finalement qu’il va enfin mettre les pieds dans ce couloir biologique. C’est le cas également de la doctoresse Cintia GARAI.

Ainsi, le PhD Augustin K. BASABOSE révèle que cela a été impossible pour lui, de pouvoir mener les recherches dans cette zone importante du parc. Il souligne par ailleurs, un brin d’espoir pour les recherches futures qu’il va pouvoir réaliser dans cette zone. Il faut noter qu’il est aujourd’hui président de l’organisation non gouvernementale Primate Expertise. À ce titre, il collabore avec le parc en qualité d’expert. Il est également professeur visiteur à l’Université de Kyoto au Japon. En même temps il enseigne dans les universités ou instituts supérieurs de la RDC et du Rwanda.

Photo du Dr Augustin BASABOSE
© Dr Augustin BASABOSE (via Tweeter – @chimp_friend)

C’est dire que l’avis de cet expert compte. Il déclare par exemple que la population riveraine est très heureuse de pouvoir enfin collaborer. Cela va dans le sens de la protection des écosystèmes, ensemble avec les responsables du parc. Pour lui, la sensibilisation des dirigeants de l’ICCN et du parc a porté ses fruits. «Cette approche de collaboration avec les communautés est la meilleure méthode pour faire perdurer la paix dans et autour de la zone protégée.»

Il n’a pas caché son bonheur de visiter enfin le couloir écologique. Le docteur en dit que ce sera l’un des meilleurs sites touristiques du parc s’il est exploité. Il l’a trouvé très joli et très attractif pour les touristes.

Le docteur BASABOSE a enfin exhorté ceux qui hésitent encore à collaborer avec le parc à le faire. Il a visé particulièrement les communautés sceptiques et expliqué que si les touristes viennent cela leur sera très bénéfique. Ce qui signifie que la population a intérêt à participer activement à la sécurisation du parc. Selon lui, c’est leu bien aussi, en quelque sorte.

Le projet du Dr GARAI sur le parc de Kahuzi-biega

Madame Cintia GARAI, de nationalité hongroise n’est pas du reste. Elle est docteur en philosophe de primatologie. Comme BASABOSE, elle est docteur de l’université de Kyoto. Elle est l’auteur de plusieurs publications scientifiques, mais aussi des courts-métrages et documentaires animaliers orientés vers les sciences zoologiques et l’écologie.

La PhD Cintia GARAI a aussi a été émerveillée par la visite du couloir biologique comme son compère. Elle a beaucoup d’idées sur le parc de Kahuzi-Biega et notamment un projet dans ses valises.

En effet, dans son souci de soutien à la protection des grands singes, elle veut inciter les populations locales à participer. Cette action implique qu’elles deviennent défenseurs de l’environnement et chercheurs de l’écologie grâce au pouvoir des médias. C’est pour cela qu’elle a choisi de collaborer avec l’organisation Primate Expertise. Et ce, sur la plupart des projets de conservation. Elle envisage également d’autres options. Notamment, le fait que les riverains de ces zones reculées et riches en biodiversité deviennent de futurs écologistes. Cela est essentiel pour protéger cette aire protégée à long terme.

Dans l’immédiat, un film documentaire est en cours de préparation. Il est prévu une large présentation à l’international. Ce sera en collaboration avec l’ONG Primate Expertise. La finalité est d’aider à lever les fonds ainsi qu’ à attirer l’attention des riverains. Sans oublier le recrutement de futurs écologistes et chercheurs potentiels. Le premier film sera largement distribué en ligne avec l’aide de revues de conservation populaires et des médias sociaux. Par contre, le deuxième film sera largement distribué localement dans la zone tampon du parc national de Kahuzi-Biega. Parce que, a-t-elle constaté, cette région est isolée et que de nombreux villages n’ont pas d’électricité, de télévision, etc. Cette partie de la distribution sera effectuée par un projecteur portatif. Les téléphones mobiles seront mis en contribution. Mais également l’installation de projection présent dans le centre éducatif de Primate Expertise.

Des motifs de satisfaction

Les équipes de Kahuzi-Biega ont toutes les raisons d’être satisfaites après la visite des deux chercheurs. Elles sont ainsi confortées dans l’évolution actuelle de la gestion du parc de Kahuzi-Biega. Tant les personnes chargées de la protection ou du tourisme que le personnel administratif savourent la tournure des événements. Ils croient à un avenir radieux de ce site de l’Unesco inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril. Cette inscription date déjà de 1997. Osons croire que l’orientation prise par ce parc contribuera à sortir de cette <a href= »https://whc.unesco.org/fr/peril/  » target= »_blank »>liste</a> dans un proche avenir. Mais aussi, que le tourisme va continuer à se développer au delà de la zone de Tshivanga.