Destruction de la partie haute altitude du parc National de Kahuzi-Biega par les pygmées

En rappel, crée en 1937 par le décret N° 081/AGRI comme réserve Forestière et Zoologique de 75 000 ha dans la région des monts Kahuzi et Biega. Cette réserve avait été délimitée par l’administration coloniale avec les populations concernées, représentées par les Bamis (rois) : Alexandre Kabare, Naninja et Nakalonge (Source: Kapupu Diwa Mutimanwa, Mai 2001).

En 1970, sur demande des étudiants Congolais du Sud-Kivu en Belgique, cette Réserve fut érigée en Parc National de Kahuzi-Biega par l’ordonnance loi N° 70/316 du 30 novembre 1970 avec une superficie de 60 000 ha et dont 15 000 ha était rétrocédés aux autochtones riverains.

En 1975, le Parc fut étendu de 60 000 à 600 000 ha par l’Ordonnance Loi n° 75/238 du 22 juillet 1975, constitués par 2 blocs (Haute et Basse Altitude) reliés par un couloir écologique.

En 1980, le PNKB a été inscrit sur la liste de sites du patrimoine mondial de l’UNESCO de la catégorie II des aires protégées suite à ses valeurs exceptionnelles de la faune et de la flore qu’il regorge. Suite aux menaces enregistrées, il a été inscrit en 1997 sur la liste des sites du Patrimoine Mondial en péril.

• Mission du PNKB

Conserver la biodiversité en vue de maintenir sa valeur globale du point de vue écologique, socio-économique et culturel.

• La participation des communautés autochtones dans la conservation du PNKB

A sa création, les communautés riveraines n’ont pas été impliquées dans la conservation des ressources naturelles du Parc. C’est ensuite, vers les années 1954, que les colonisateurs ont fait participer les Pygmées, non comme associés, mais comme guides (pisteurs), parce que c’étaient eux qui connaissaient la forêt.

Vers les années 1973, le PNKB a recruté un petit nombre de Pygmées comme premiers gardes forestiers et comme pisteurs, pour guider les touristes qui voulaient visiter les sites des animaux. Conscient des échecs du passé, le PNKB a maintenant adopté une nouvelle stratégie qui évolue vers une demande de participation des populations Pygmées et Bantous pour voir ce qu’ils peuvent faire ensemble pour lutter contre la destruction des ressources du parc (Source: Kapupu Diwa Mutimanwa, Mai 2001).

C’est ainsi qu’entre mai et juillet 2000, les populations et le PNKB se sont réunis en vue de trouver des solutions durables pour lutter contre cette destruction.

Plus de 440 personnes des différentes catégories ont été entendues. A l’issue de ces rencontres, deux structures tests de gestion participative dénommées comité de conservation communautaire(CCC) ont été constituées dans les groupements de Miti et de Mudaka. Dans ces 2 structures, on trouve 2 Pygmées : Bugandwa et Jean-Marie Kasula (Source: Kapupu Diwa Mutimanwa, Mai 2001).

Des années 2001 à Août 2018, le PNKB a renforcé l’implication des communautés riveraines et en particulier celle des pygmées dans la conservation du Parc à travers l’accompagnement de la mise en place de 4 structures pygmées dont ADELIPO à Kalehe, UCPUED à Kabare, TSUNGA KAHUZI YETU à Kabare et ADAP à Kalonge pour leur permettre de discuter valablement des questions de développement et de leur implication dans la conservation de la biodiversité du PNKB. Les pygmées bénéficient des multiples appuis du Parc à titre d’exemple : Appui aux activités génératrices de revenus (AGR), à la scolarisation des enfants pygmées, à la réalisation de l’étude socio-économique, en agriculture et élevage, octroi d’emploi aux peuples Pygmées, participation à la gouvernance du Parc, etc. Bref, la difficulté de cohabitation Parc-Pygmées n’existe presque pas car il existait une bonne collaboration à travers le cadre de dialogue qui était mis en place pour renforcer un échange permanent comme élucidés ci-haut.

Mais aujourd’hui, qu’est-ce-qui explique qu’ils soient les premiers destructeurs du PNKB ?

• La situation de la destruction du PNKB par les Pygmées

Au moment de la création de la Réserve zoologique et forestière, les Pygmées vivaient de la chasse, de la cueillette et du ramassage à l’intérieur de la dite réserve. La chasse était à but alimentaire et conforme, entre autres, aux circonstances suivantes : la levée de deuil, le mariage, la naissance, l’investiture des chefs coutumiers, la période de moisson et de récolte, divers rites traditionnels (Kapupu Diwa Mutimanwa, Mai 2001). Donc les pygmées étaient considérés comme conservateurs de la biodiversité. Actuellement, les pygmées font la destruction du Parc par la carbonisation, sciage par des tronçonneuses, exploitation minières qui n’est pas dans leurs moeurs.

• Qui est derrière les pygmées dans la destruction du Parc et pourquoi ?

La destruction de la partie haute altitude du Parc National de Kahuzi-Biega émane de l’instrumentalisation des Pygmées par certains Sud-Kivusiens dont les fermiers véreux, ONGs soi-disant accompagnatrices des Pygmées et par une petite couche de la population bantoue à la recherche de leur positionnement, incitant certains agents du PNKB et en particulier les Pygmées à la haine tribale.

• Quelle est la part des fermiers dans la destruction du Parc ?

Les Pygmées sont incités par les fermiers en leur octroyant des tronçonneuses, haches, machettes, ration mais aussi en les facilitant la vente de la braise et les planches dans le seul but de se venger de leur expulsion du couloir écologique, partie importante du Parc qui relie la basse à la haute altitude.

Toutes ces manoeuvres sont pour que les trentaines des fermiers illégaux puissent trouver un moyen de faire revenir leurs vaches dans le Parc en y exerçant aussi leurs activités illégales dont l’agriculture, le braconnage, l’exploitation artisanale des minerais,…

• Quelle est la part de certaines ONGs dans la destruction du Parc ?

Les soi-disant ONGs accompagnatrices des Pygmées qui n’ont presque pas des réalisations concrètes en faveur des pygmées, cherchent à déstabiliser la bonne quiétude entre PNKB-Pygmées pour leurs intérêts égoïstes en leurs donnant de mauvais messages afin de les opposer au PNKB.

Mais hélas, ces ONG ne font que le détournement des appuis des Pygmées.

• Le besoin de la terre, un alibi pour la destruction du PNKB

Le besoin de la terre n’est pas un motif actuel de la déforestation du PNKB comme les gens peuvent le prétendre mais plutôt l’instrumentalisation car elle se fait aussi par certains bantous sous couverture des pygmées. Cela s’explique par plusieurs raisons ci-après :

  • Chaque pygmée riverain du Parc à un domicile en bon ou mauvais état dans les villages riverains du PNKB ;
  • Ils viennent de leurs villages respectifs pour leurs activités illégales puis ils rentrent ;
  • Aucune construction des maisons ni activité agricole n’a déjà été entreprise dans le PNKB par les Pygmée depuis le mois d’Août 2018 à nos jours afin d’exprimer brutalement le besoin de la terre ;
  • Aucune activité rituelle qu’ils organisent dans le PNKB ;
  • L’activité principale est la déforestation (Carbonisation et sciage). ci-dessous les images illustratives de leurs activités illégales.

• Agressivité et menaces des écogardes par les PA

Les Peuples autochtones Pygmées font recourt aux groupes armés locaux (Raïa Mutomboki) afin de renforcer leur capacité de nuisance par des effets mystiques et l’acquisition des armes de guerre pour affronter les écogardes du PNKB ; d’où deux écogardes tués et plusieurs cas de blessés.

En guise de conclusion, le PNKB est un bien de l’Etat Congolais, inscrit sur la liste des sites du Patrimoine Mondial et contribue significativement à la lutte contre le changement climatique ; d’où l’intérêt de tout un chacun de se sentir concerné par la conservation de ce bien commun que nous devons léguer à nos générations futures, en mettant à coté les intérêts propre.

La destruction d’un parc ne profite qu’au seul destructeur mais les conséquences impactent l’humanité entière », dit-on.

Cet article a été également publié au magazine « Le Gorille », N°28 édition janvier-septembre 2019

L’auteur : M. De Dieu BYA’OMBE est le directeur et chef de site du Parc National de Kahuzi-Biega

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