Déforestation galopante du Parc National de Kahuzi-Biega à Lemera et Katasomwa : les leaders locaux mettent en lumière les causes et les solutions

C’est au cours de deux réunions de sensibilisation tenues ce mois d’août 2023 par l’équipe de l’Information, Communication et Education Environnementale du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), que les chefs communautaires et les autorités locales de Lemera et Katasomwa, en territoire de Kalehe, ont dévoilé les facteurs essentiels à la base de la déforestation à l’intérieur des limites du Parc. 

« Il faut une journée de marche au minimum pour véritablement observer l’étendue de la déforestation depuis les limites séparant le Parc et les villages de Lemera et Katasomwa » ont commencé par estimer les chefs et leaders locaux pour démontrer l’ampleur de la déforestation du Parc dans leurs zones. 

Ces derniers ont pointé du doigt en premier la démographie croissante comme cause principale de la déforestation de cette partie du Parc voisine aux villages de Lemera et Katasomwa. « C’est l’afflux des exploitants de ressources en provenance de Masisi dans le Nord-Kivu, ainsi que des villages voisins comme Lumbishe et Numbi à Kalehe qui a aggravé cette situation », ont indiqué les chefs locaux de Lemera en ajoutant que parmi ceux qui sont dans le Parc figurent des groupes identifiés comme des véritables peuples autochtones pygmées (ou « PAP »), d’autres comme des présumés ou prétendus « PAP » et d’autres encore issus des communautés non originaire de ces villages. 

Un deuxième aspect crucial souligné lors des discussions est les difficultés économiques auxquelles sont confrontées les communautés environnantes. Le manque d’opportunités d’emploi et de sources de revenus alternatives dans ces milieux poussent les riverains à faire pression sur les ressources du Parc, notamment les « arbres ». Les difficultés rencontrées par les  autorités congolaises à fournir les terres promises aux PAP en dehors du Parc, comme stipulé dans la feuille de route de Bukavu de 2019, ont aussi ajouté à la frustration, ont confié les chefs et leaders locaux de Lemera et Katasomwa.

En outre : « Le nombre des écogardes est insuffisant pour protéger l’immensité du Parc dans cette zone », ont aussi martelé les participants qui ont regretté que certains des braconniers du Parc bénéficient de la protection de certaines autorités, les rendant intouchables.  

De plus, des acteurs étrangers ont été identifiés comme soutenant des groupes autochtones qui continuent à exploiter les ressources du parc, grâce à des aides humanitaires et des incitations à demeurer à l’intérieur des limites du Parc. 

Des solutions à plusieurs facettes pour lutter contre la déforestation du Parc proposées par les chefs et leaders communautaires de Lemera et Katasomwa

Feux de fôret provoqués par les concentrations illegales d’exploitants de charbon de bois et des champs dans la zone de Lemera et Katosomwa, à l’intérieur du Parc. (Photo : PNKB/aout 2023)

Comme pistes de solutions potentielles, les leaders réunis ont recommandé que le PNKB fasse pression sur les autorités locales, en particulier la chefferie, pour allouer des terres aux PAP en dehors des limites du Parc. 

Ils ont souligné, de plus, l’importance de renforcer l’équipe des écogardes et d’intensifier les patrouilles pour contrer les braconniers.

Les chefs et leaders locaux ont également appelé le PNKB à plaider pour l’annulation des licences de fonctionnement  accordées aux écoles et aux églises opérant à l’intérieur du Parc, ce qui aggrave ses problèmes de conservation. Une autre solution fortement recommandée  consiste à initier la population locale aux pratiques agricoles modernes et durables adaptées aux conditions évolutives des sols de Katasomwa de plus en plus improductifs. « Cette solution limiterait la recherche des terres arables dans les périmètres du Parc », ont indiqué les chefs et leaders locaux.

Malgré leur dévouement, ces leaders locaux ont reconnu les limites auxquelles ils sont confrontés pour intensifier les campagnes de sensibilisation au sein de leurs communautés respectives. De plus, ils ont exprimé des inquiétudes concernant les représailles potentielles de certaines autorités de la province qui protégeraient certains braconniers.

Les sensibilisations du PNKB dans ces villages riverains, sur les conséquences de la déforestation du Parc, visent à éduquer les habitants sur l’impact néfaste de leurs actions et à promouvoir des pratiques plus durables pour préserver l’environnement. 

Mis à part les espaces de dialogue comme celui-ci que le PNKB promeut, il est important de rappeler les mesures pacifiques et pratiques que le Parc et ses partenaires mettent en place en collaboration avec la population locale, notamment la la mise en place des activités génératrices des revenus, la scolarisation des enfants PAs, ou encore la collecte de certaines essences de plante pour être replanté sur des champs pilotes à l’orée du Parc et à des fins médicinales.  Plus que ceci, pour pallier au problème d’effectifs, le PNKB a lancé l’appel au recrutement auprès des communautés locales.

Réunions de sensibilisation avec les leaders communautaires de Lemera et Katasomwa. (Photos : PNKB/août 2023)

Auteur :La redaction

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.